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Le souvenir

July 2023
おもかげを しのぶ庵に 苔の花 

omokage wo
shinobu iori ni
koke no hana

Vestige en ruine –
comme un souvenir de l'ermitage
les fleurs de mousse


Akiko Noguchi


Cela ne veut pas dire que le souvenir repousse, fleurs ou papillons sur ce qui est passé, sur ce qui n’est plus ou en passe de l’être.

Le souvenir est neuf à chaque instant où il se manifeste, comme l’écho d’un son, ou d’un songe.

Mémoire vivifiée contre vents et marées, mémoire de vie, de sensations aujourd’hui remémorées. Le corps est pétri, sculpté, décoré de ce qui fut sa vie.

La main qui le contacte l’écoute comme on écoute un ami qui se souvient. Et cette écoute la pétrit, la sculpte, l’orne des mille feux qui l’illuminèrent, parfois jusqu’au grésillement. Des formes naissent et renaissent sous la main, torsions de l’olivier ou étirement des nuages. Des matières s’épaississent ou s’engourdissent, hibernation forcée de la souplesse du plus jeune âge.

Ce qui repousse perd en élasticité mais gagne en stabilité et robustesse, et contre toute attente, en délicatesse. Qu’y a-t-il de plus fin et délicat que la fleur de mousse, au bout de sa tige gracile ? De plus doux que la peau du visage des ans ?

Il faut au pied qui la foule la mousse des bois pour redécouvrir l’élasticité, le parfum des forêts pour goûter la profondeur, les rayons qui caressent pour connaître la douceur. L’ermitage n’est pas loin, la main le reconnaît…