Comment« écrire » les sensations, formuler les besoins qu’elles expriment, imaginer les réponses qu’elles sollicitent ?
Quatre années de recherche à la manufacture yukidō – ce lieu d’apprentissage ouvert en 2018 aux Pételins dans le Var – ont exercé un certain dépoussiérage. Le Corps accordé, mon premier ouvrage (2014), avait besoin d’une révision complète, apportée aujourd’hui par cette troisième édition : https://lecorpsaccorde.com/
Mon deuxième livre : Santé autonome, la puissance du vivant, a tenu bon. Normal, il se présente comme la substantifique moelle du Corps accordé : https://yukido.fr/sante-autonome
Yukido, l’art du soin par le toucher, sera mon troisième livre, publication prévue cet été. Il est issu de la manufacture, comme le fil de la laine, comme la soie du cocon : aussi patiemment. Notre « collège des amis » en a fait la relecture. Grands coups de sabre salutaires, petites incisions au rasoir d’Ockham et questions en suspens ont fait merveille. Ce livre est à peu près lisible d’un trait, ou par petites gorgées.
C’est toujours un émerveillement de voir comment un « savoir » se construit. Efforts poussifs, bouts de ficelle vite abandonnés, fulgurances parfois. Ce qui compte est la persévérance.
Mais le plus souvent un grand désordre suivi d’une phase de repos : les choses se déposent. Elles se trient, s’ordonnent, puis produisent et innovent. Le neuf issu du passé, du présent et même de l’avenir, comment ne pas s’en réjouir ?
Car c’est bien de jouissance dont il s’agit. Celle du pisteur qui découvre la terra incognita des sensations internes, des messages qu’elles laissent dans le foisonnement du vivant. Celle du dialogue silencieux qui émerge de cette rencontre. Celle enfin de l’ardente patience. Une sensation interne contacte une autre sensation interne, et c’est le miracle : ni l’une ni l’autre n’essaie de prendre le dessus – ni le dessous – mais les deux cheminent ensemble, deux loups aux yeux dorés...