Lorsque l’accompagnement tactile agit, le corps travaille ici mais l’écho se fait par là.
La main active accompagne cette force du corps qui fleurit. Elle passe par ses excès et ses déficits, ses chauds ou ses froids, ses tensions ou mollesses — ses pressions du plein ou ses pressions du vide, ses picotements doux ou ses crépitements internes.
Mais c’est l’autre main qui perçoit l’effet de ce travail. Comme un écho sensible, plus ou moins proche et audible, la main assistante est celle qui perçoit l’impact de l’action du corps de l’accompagné.
La coopération entre les deux mains est discrète, tellement leur interaction doit aller de soi, familière et à propos. Nul besoin d’en rajouter, la puissance du corps est telle que seule l’intervention volontariste peut l’entraver. Nul besoin de s’appliquer, c’est peine perdue, tant le geste d’accompagnement est grossier par rapport à l’infinie complexité du vivant. Mais le corps tolère les maladresses… tant qu’elles ne se prennent pas pour de la virtuosité.
Ce n’est que lorsque le travail spontané et ponctuel du corps est fini que la fraîcheur arrive, singulière et pourtant universelle : ce sentiment d’être frais et dispos, la joie sous toutes ses teintes, un espoir, une respiration, une détermination, une liberté : un parfum indomptable.
Vocabulaire du yukidō
Accompagner : en yukidō, la relation de soin se situe entre un accompagnant et un accompagné. Elle consiste à aller dans le sens du besoin sensible indiqué par le corps lui-même, de ce qui est lui est bénéfique, nécessaire et suffisant en termes de température, consistance et mouvement.
Crépitement : sensation interne d’accompagnement proche du grésillement mais avec un mouvement plus extériorisé.
Fraîcheur : sensation interne très particulière au corps en bonne santé, rappelant la température d’une brise légère, avec une souplesse où rien n’accroche et un mouvement régulier qui s’exprime en liberté. Le tout donne une impression d’équilibre qui s’ajuste facilement. C’est aussi la sensation interne perçue par les mains qui accompagnent, quand l’organisme a travaillé à sa juste mesure et qu’un certain rééquilibrage s’est réalisé, localement ou globalement.
Geste d’accompagnement : geste que la main accomplit pour répondre exclusivement aux besoins exprimés par la sensation interne.
Main active/main assistante : le yukidō emploie les termes main active et main assistante pendant l’accompagnement, ajoutant la notion de synergie à celle de complémentarité des mains.
Picotements : sensation interne d’accompagnement. Plus ou moins serrés, longs et douloureux, ils rendent la main picotante.
Pression : sensation interne d’accompagnement et geste d’accompagnement répondant à un besoin de pression adéquate. Une pression exercée par la main se déroule en trois actes : l’aller, la pause, le retour.
Pressions du plein : impression sensorielle d’accompagnement où la main perçoit les besoins de pression et rencontre le plein, avec une force de résistance passive à l’aller et pendant la pause sur la butée. Cette force devient active au retour de la pression, ramenant la main à la surface.
Pressions du vide : impression sensorielle d’accompagnement où la main perçoit le besoin de pression et rencontre le vide, sans résistance à l’aller. La main atteint un fond, reste sur la butée pendant la pause, puis remonte quand elle sent la poussée du fond, venant de la partie accompagnée.